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Les postes et les fintech s’allient pour favoriser l’inclusion financière des femmes

Le 12 mars 2025, quelques jours après la Journée internationale des femmes, l’UPU a organisé un séminaire Web dynamique sur les partenariats entre les opérateurs postaux et les fintech comme vecteurs mondiaux d’inclusion financière numérique des femmes et des filles. L’événement a également été l’occasion de mettre à l’honneur la publication de l’étude de l’UPU sur les partenariats postes–fintech pour surmonter les inégalités entre les sexes dans l’accès aux services financiers numériques postaux. L’événement en ligne a accueilli plus de 240 participants, représentant une grande variété de régions et de pays.

Combler le fossé numérique

Animé par Ian Kerr, hôte du podcast de l’UPU Voice Mail, le séminaire Web a montré qu’il est urgent de faire progresser l’inclusion financière numérique des femmes et des filles.

Masahiko Metoki, Directeur général du Bureau international de l’UPU et champion international de l’égalité des genres, a renouvelé l’engagement de l’organisation envers l’avancement des femmes dans le secteur postal. «Le fait d’assurer l’inclusion financière des femmes n’est pas seulement une nécessité pour leur avancement: il s’agit également d’un vecteur de croissance économique, de développement durable et de progrès social», a-t-il déclaré.

Susan Alexander, Chef du programme «Développement durable» du Bureau international de l’UPU, a donné un aperçu de l’immense portée du secteur postal, qui compte près de 680 000 bureaux de poste employant plus de 4,6 millions de personnes à travers le monde. «Aujourd’hui, 85% de la population mondiale reçoit son courrier directement à domicile. Le réseau postal est donc bien positionné pour contribuer au développement durable et inclusif», a-t-elle fait remarquer.

Tout en reconnaissant l’importance de la finance numérique, elle a également indiqué que «des efforts de sensibilisation et d’éducation sont nécessaires, particulièrement dans les régions où les compétences numériques des femmes peuvent être limitées». Elle a présenté la nouvelle étude de l’UPU, qui examine l’accès des femmes aux services financiers, les règlements et les stratégies pour réduire les écarts financiers.

Informations relatives à l’étude

Sahana Arun Kumar, Directrice générale d’Amarante Consulting et responsable des recherches, a présenté les principales conclusions de l’étude. Elle a constaté qu’un écart financier persistant de 1700 milliards d’USD continue de limiter les entreprises dirigées par des femmes, particulièrement sur les marchés émergents. «Le secteur financier pourrait débloquer 700 milliards d’USD de recettes annuelles si les femmes avaient autant accès aux services financiers que les hommes», a déclaré Sahana Arun Kumar.

L’étude examine la demande (comportement des femmes et problèmes de confiance), l’offre (obstacles à la conception de produits inclusifs) et le caractère favorisant de l’environnement (règlements, infrastructure et renforcement des capacités). Elle souligne la nécessité de proposer des services sur mesure, adaptés aux cycles financiers et aux responsabilités d’aidantes des femmes.

S’appuyant sur une enquête réalisée auprès de 103 opérateurs postaux provenant de six pays, l’étude révèle des niveaux variés de compétences numériques et d’accès aux produits financiers. Sahana Arun Kumar souligne l’importance d’une direction forte, de politiques tenant compte des questions de genre et des partenariats avec les fintech pour accélérer l’inclusion financière. «Les postes peuvent jouer un rôle décisif pour améliorer l’inclusion financière des femmes, mais elles doivent pour cela mettre en place des services sur mesure, conclure des partenariats stratégiques et comprendre les défis financiers que les femmes doivent relever ainsi que leurs besoins dans ce domaine», a-t-elle conclu.

Sahana Arun Kumar a également partagé des témoignages poignants de femmes utilisant les services financiers postaux numériques. Une femme de Jakarta a fait part de ses inquiétudes quant au fait de procéder elle-même à des paiements numériques, soulignant la nécessité d’une éducation financière. Une maraîchère du Sénégal a indiqué que les services bancaires en ligne lui permettent d’éviter les longues files d’attente et une entrepreneuse du Mexique a expliqué qu’elle a besoin de services de crédit personnalisés et flexibles adaptés à son emploi du temps.

Étendre les modèles inclusifs – Enseignements tirés du Maroc

Zakia Hazzaz, Directrice pour la coopération internationale à Al Barid Bank (Maroc), a fait part des efforts du pays pour renforcer l’inclusion financière des femmes. La banque a créé Hssab Laky, un produit gratuit pour les femmes ayant de faibles revenus qui permet la gestion dématérialisée des fonds et propose des services de transfert d’argent. Elle a également lancé une application mobile et déployé des conseillers financiers dans les zones rurales. «Notre stratégie consiste à éliminer les obstacles en garantissant un accès facilité à nos produits et services financiers et en promouvant l’éducation financière numérique», a-t-elle expliqué.

Rôle des règlements et des politiques – Enseignements de la Tanzanie

Cecilia Sylvester Mkoba, Directrice des services postaux de l’Autorité tanzanienne de régulation des communications, a présenté le cadre pour l’inclusion financière de la République-Unie de Tanzanie, qui donne la priorité à l’accès et à l’accompagnement des groupes désavantagés, notamment les femmes et les petits exploitants agricoles. Tanzania Posts Corporation propose des services de banque correspondante, des services de transfert d’argent, des services bancaires mobiles et des groupes d’épargne pour toucher les communautés mal desservies.

Cecilia Sylvester Mkoba a souligné l’importance de pouvoir s’appuyer sur des règlements favorables et sur des partenariats public–privé. «Il est essentiel de procéder à des examens réguliers des politiques, de développer les infrastructures et d’établir des partenariats stratégiques avec des organismes publics, des banques, des organisations non gouvernementales et des fintech pour progresser durablement dans l’inclusion financière des femmes», a-t-elle expliqué.

Engagement de Visa envers l’inclusion financière

Azrin Azlina Anuar, responsable des solutions gouvernementales pour la région Asie/Pacifique chez Visa, a présenté les quatre piliers stratégiques de Visa: paiements et épargne, approbation, éducation et identité. Visa collabore avec les services postaux pour renforcer la gestion des fraudes et la sécurité pour ses offres numériques.

Le programme Practical Business Skills (Compétences commerciales pratiques) a touché près de 96 millions de personnes dans le monde. Dans le cadre de l’initiative Accelerate My Business (Développer mon entreprise) de The Asia Foundation, Visa accompagne les entrepreneuses en leur proposant des programmes de mentorat et de croissance numérique. Dans le domaine de l’identification, Visa élabore des solutions sécurisées d’identification numérique pour faciliter l’accès aux services financiers. «Lorsque les femmes obtiennent des outils financiers, elles réinvestissent 90% de leur revenu dans leur famille et leur communauté, ce qui favorise la croissance économique», a ajouté Azrin Azlina Anuar.

Discussion – Renforcer l’inclusion financière des femmes

Animée par Ian Kerr, la discussion a porté sur les stratégies de promotion de l’inclusion financière par l’intermédiaire des partenariats entre les postes et les fintech. Tout d’abord, Sahana Arun Kumar a présenté la collaboration entre Postal Corporation of Kenya et un fournisseur de portefeuilles numériques ainsi que la décision d’Ethiopost de collaborer avec des banques et des entreprises de télécommunication pour proposer des services au guichet.

Cecilia Sylvester Mkoba a évoqué les collaborations fructueuses de la République-Unie de Tanzanie avec Visa, Mastercard et des opérateurs de réseaux mobiles, qui ont permis à des entrepreneuses d’utiliser des services postaux pour le commerce électronique afin de vendre à l’international leurs produits, comme de l’huile de clou de girofle. Azrin Azlina Anuar a réaffirmé l’importance de l’accessibilité, de l’éducation et de la sécurité comme facteurs de réussite.

Les intervenants ont insisté sur la nécessité pour les fintech de concevoir des solutions axées sur les questions d’égalité des sexes. Sahana Arun Kumar a cité l’exemple de la Türkiye, où les fintech et les banques forment les entrepreneuses à déployer leurs activités sur les places de marché en ligne. Les thèmes de la confiance et de la sécurité ont été régulièrement évoqués lors de la discussion.

La discussion s’est conclue par un consensus: il est essentiel de mettre en place un processus d’évaluation continue, de développer la confiance ainsi que de renforcer la sécurité et l’éducation financière pour assurer des progrès et le succès sur le long terme.

Regardez l’enregistrement complet du séminaire Web ici.
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