L’économie numérique pourrait être une aubaine pour les petites entreprises et les économies en développement, mais les changements rapides, les investissements et le soutien politique nécessaires pourraient exclure ces entreprises, souvent sans porte-parole, de l’économie numérique, créant ainsi une fracture économique mondiale encore plus grande et entravant la démocratie, indique Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Rebeca Grynspan a discuté avec Ian Kerr sur le podcast «Voice Mail» de l’UPU et a souligné les missions et les défis des deux organisations ainsi que le rôle de l’UPU dans la création d’une économie numérique mondiale inclusive.«Notre objectif le plus important pour la CNUCED est de pouvoir aider les pays en développement à faire face aux complexités du développement, précise Mme Grynspan, afin qu’ils participent à une économie internationale plus équitable, renforcent leurs mesures en faveur des réformes qui doivent avoir lieu (...) pour une vie meilleure pour tout le monde.»
Pourtant, nous vivons une époque où tout change vite, des pressions exercées par les crises mondiales, et une transition qui ne se fait pas de manière équitable. Les gouvernements doivent savoir comment aider les microentreprises et les petites et moyennes entreprises (MPME) à utiliser le monde numérique (...) pour augmenter leur productivité et les connecter aux marchés. Pour ce faire, il faut connaître la stratégie, les marchés locaux, la dynamique commerciale du pays et les ressources nécessaires pour financer la transformation.
«C’est notre raison d’être, confirme Mme Grynspan. Nous voyons des opportunités formidables, mais aussi des risques très importants. Si vous ne soutenez pas les petites et moyennes entreprises, (...) la concentration de cette nouvelle économie aux mains d’un très petit nombre de personnes nuira, à mon avis, à la démocratie et à la stabilité économique.»
La CNUCED s’efforce de combler ce fossé avec des programmes tels que «Empretec», un réseau mondial d’entrepreneuriat qui contribue à former les petites entreprises, à les aider à se développer et à entrer dans l’économie numérique. Elle est également en contact avec les décideurs politiques afin d’aider les gouvernements à faciliter un cadre propice à la croissance des MPME.
La CNUCED héberge également le programme «eTrade for Women», à savoir une plate-forme permettant aux femmes entrepreneurs prospères de partager leur expérience avec d’autres femmes.
«Nous ne les représentons pas. Nous leur offrons une plate-forme internationale, un espace où elles peuvent faire part de leur expérience, parler à d’autres femmes et influencer les politiques», indique Mme Grynspan.
Elle souligne l’importance pour les femmes de soutenir d’autres femmes, étant elle-même la première femme à diriger la CNUCED en soixante ans d’histoire, ce qu’elle attribue aux efforts d’autres femmes avant elle qui se sont battues pour l’égalité.
L’UPU est bien placée pour soutenir ces efforts, selon Mme Grynspan. Lorsque les postes sont plus efficaces, moins coûteuses et qu’elles ont une plus grande portée: «Ces entreprises auront un véritable partenaire au sein de l’UPU et des services postaux de leur pays. (...) Pour entrer dans l’ère du commerce électronique, le service postal est incontournable.»
Toutefois, les «crises en cascade» survenues au cours de son mandat ont créé de nouvelles barrières. La pandémie de COVID-19, en une année, a anéanti une décennie de croissance pour les pays en développement, qui s’efforçaient de réduire la pauvreté et la faim, affirme-t-elle. Puis sont arrivés la guerre en Ukraine, la crise du coût de la vie, la crise de l’insécurité alimentaire et le conflit au Moyen-Orient.
«Ces crises en cascade ont eu un impact disproportionné sur les pays les plus vulnérables et les plus pauvres du monde, ce qui est également vrai pour les effets du changement climatique.
À son avis, ces défis disproportionnés pourraient être soutenus par un multilatéralisme renforcé, si l’on fait référence au récent Sommet de l’avenir des Nations Unies (tenu après l’enregistrement du podcast).
«La dispersion et l’intérêt personnel de quelques-uns ne nous mèneront pas à un monde meilleur. S’il s’agit uniquement d’un jeu de pouvoir, et non d’un jeu fondé sur des règles internationalement reconnues, les petites entreprises et celles fragiles ne pourront pas survivre ou avoir leur place dans ce monde.»
Écoutez l'épisode complet de Voice Mail avec Rebeca Grynspan ici: https://soundcloud.com/universal-postal-union/episode-29-leading-the-future-of-fair-and-inclusive-trade