En juillet 2022, des expéditions postales contenant des opioïdes et de la benzodiazépine ont été saisies. La poste a informé les autorités de ces saisies au moyen d’un système de communication spécial mis en place par l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS). Les expéditions étaient liées à cinq groupes du crime organisé en Bulgarie.
Les autorités bulgares ont démantelé les groupes, saisissant plus de 120 000 pilules et 40 kilogrammes de nouvelles substances psychoactives et stoppant 200 expéditions postales internationales partantes destinées à des pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Océanie, a expliqué Jagjit Pavadia, ancienne commissaire des stupéfiants de l’Inde, membre et ancienne Présidente de l’OICS.Elle a raconté cette histoire lors d’un entretien avec Ian Kerr, animateur du podcast de l’UPU, Voice Mail, lors d’un récent épisode où elle parlait des efforts coordonnés des opérateurs désignés et de l’OICS pour arrêter la circulation des drogues sur les canaux de distribution.
«Ce partenariat a été très efficace et sera crucial pour intercepter les opioïdes qui transitent par la poste», a déclaré Jagjit Pavadia.
En tant qu’organe subsidiaire du Conseil économique et social des Nations Unies, l’OICS a pour mission d’assurer un approvisionnement adéquat en médicaments à des fins scientifiques et médicales, mais aussi d’empêcher le trafic de drogues illicites. L’OICS compte sur l’aide de partenaires comme des opérateurs désignés, particulièrement alors que le trafic de drogue évolue et que les expéditions sur les canaux de distribution deviennent plus difficiles à détecter.
«Les trafiquants ont une longueur d’avance sur nous, et de nouvelles substances apparaissent tous les jours», a expliqué Jagjit Pavadia.
Elle a indiqué qu’aujourd’hui le narcotrafic ne concerne plus seulement les drogues à base de plantes comme l’héroïne et la cocaïne, mais également des substances synthétiques comme les opioïdes de synthèse, qui, en raison de leur forte concentration, peuvent être expédiés en petites quantités difficiles à détecter. De plus, l’OICS surveille les matériaux précurseurs utilisés dans la chaîne de fabrication et de consommation des drogues.
«Ils sont très difficiles à détecter», a-t-elle expliqué au sujet des petites expéditions utilisées par les trafiquants, et il y en a des centaines, voire des milliers.»
Jagjit Pavadia explique que, en outre, pour compliquer les choses, ces drogues et leurs matériaux précurseurs ne sont pas définis comme telles par de nombreux gouvernements, ce qui rend leur détection ou leur interception en transit encore plus difficile. Pour relever ces défis, l’UPU et l’OICS collaborent afin de sensibiliser davantage à ces questions et de stimuler l’échange de renseignements à l’échelle mondiale.
Les opérateurs désignés rencontrent les mêmes problèmes que l’OICS, et ce dernier les forme à l’établissement de profils de risque des paquets, avec des indicateurs comme le pays d’origine, la valeur déclarée et le montant de la somme transférée.
«À ce jour, nous avons mis en réseau 289 agents de sécurité postale et six responsables régionaux. Nous avons élaboré des approches sécurisées d’interception, des formations relatives aux opioïdes dangereux et renforcé les capacités de 577 opérateurs désignés dans le monde, a déclaré Jagjit Pavadia. Et nous avons organisé six réunions opérationnelles de groupes d’experts internationaux pour contrer le trafic via les canaux postaux.» (Note: ces chiffres datent d’octobre 2023.)
Les nouvelles technologies jouent également un rôle. L’outil de communication IONICS (Système de Communication des Incidents du Projet Ion) de l’OICS recueille des renseignements partagés qui permettent de révéler des schémas d’itinéraires de trafic, des quantités et des types de drogues. Ces informations sont précieuses pour établir des profils de risque avancés des expéditions arrivantes et partantes.
Jagjit Pavadia a ajouté que IONICS avait une bonne synergie avec l’outil de recherche de marchandises dangereuses développé par l’UPU, qui peut aider à intercepter les marchandises dangereuses avant qu’elles n’arrivent sur les canaux postaux.
«Le protocole d’accord OICS–UPU nous permettra de repérer en temps réel les expéditions suspectes signalées plus tôt par IONICS», a-t-elle expliqué.
Les conséquences du trafic de drogue vont bien au-delà des dangers des substances toxiques elles-mêmes et éclairent la myriade de problèmes socioéconomiques.
«Pour lutter contre le trafic, les gouvernements doivent dévier des ressources qui pourraient aller aux infrastructures, à l’éducation et à la santé et faire face à des coûts de santé tirés vers le haut par les victimes du narcotrafic», a-t-elle déclaré. Les communautés subissent violence et corruption, ce qui peut nuire à la réputation d’un pays. En outre, les cultures illicites causent déforestation et dégradation des sols, ce qui affecte la durabilité agricole et le développement rural.
«C’est un fardeau supplémentaire pour le tissu socioéconomique», a expliqué Jagjit Pavadia.
Écoutez l’épisode complet de Voice Mail avec Jagjit Pavadia ici.