L'Amérique latine intègre enfin le réseau financier international de l'UPU
Le Chili, l’Espagne et l’Uruguay lancent aujourd’hui un nouveau service électronique de transferts d’argent entre leurs pays, permettant ainsi à l’Amérique latine de joindre enfin le réseau financier international de l’Union postale universelle.
Les citoyens de ces trois pays peuvent désormais recourir au réseau postal pour envoyer ou recevoir de l’argent vers ou de l’étranger. Le service est offert pour l’instant dans 2300 bureaux de poste espagnols, dans 60 bureaux de poste uruguayens et 110 bureaux de poste chiliens. Il s’agit d’un service rapide et sécurisé, selon lequel le versement de la somme envoyée à destination peut se faire en quinze minutes. Le service s’appuie sur l’application International Financial System (IFS) développée par le Centre de technologies postales de l’UPU. Cette application constitue l’épine dorsale du réseau financier international de l’institution spécialisée des Nations Unies.
La mise en place du nouveau service entre l’Espagne et l’Amérique latine s’inscrit dans les efforts globaux de l’UPU pour moderniser un service aujourd’hui périmé (le mandat de poste sur support papier), et répondre à certains défis posés par le phénomène migratoire mondial, dont un meilleur accès pour les travailleurs migrants à des services de transferts d’argent formels et sécurisés grâce à un réseau physique de plus de 660 000 bureaux de poste à travers le monde.
Selon les données de la Banque mondiale, plus de 220 millions de travailleurs migrants envoient chaque année plus de 300 milliards d’USD par des réseaux formels. Les experts estiment qu’un montant équivalent est envoyé par des réseaux informels, susceptibles de favoriser le blanchiment d’argent ou le financement d’activités terroristes.
L’Espagne compte 4,5 millions d’immigrés, dont 1,6 million proviennent d’Amérique latine. Ces immigrés ont envoyé, en 2006, plus de 6,25 milliards d’EUR à leurs familles restées au pays, selon la Banque d’Espagne. L’adhésion de l’Espagne au réseau financier international de l’UPU lui permettra de mieux répondre aux besoins de ces populations d’Amérique latine et ouvrira prochainement des possibilités avec les pays du Maghreb.
L’aboutissement du nouveau service est le fruit d’un engagement pris en décembre dernier entre l’Espagne et l’UPU (v. Actualité UPU du 12 décembre 2007, www.upu.int). Il s’inscrit par ailleurs dans le plan de développement régional entre l’UPU et l’Union postale des Amériques, de l’Espagne et du Portugal, qui travaille à développer des services similaires dans d’autres pays de la région.
Afin de faire évoluer les opérateurs postaux vers des services de transfert d’argent par voie électronique, l’UPU a, depuis 2005, fiabilisé et sécurisé son réseau électronique, commencé à mettre en place un système de compensation centralisé, identifié les principaux mouvements migratoires et ouvert, grâce à son application IFS, 150 corridors reliant 36 pays. Une soixantaine d’autres pays testent actuellement l’application, qui leur permettra de joindre le réseau financier international de l’UPU.
L’UPU adopte une approche régionale pour amener les opérateurs postaux de ses Pays-membres à joindre son réseau financier international. Vendredi dernier à Genève, où se tient le 24e Congrès postal universel, les dirigeants postaux d’Egypte, des Emirats arabes unis, de Jordanie, du Maroc, du Qatar, de Syrie, de Tunisie et du Yémen ont signé un accord pour faciliter les transferts d’argent par voie électronique entre leurs postes.
Des projets régionaux ont aussi été menés à bien en Afrique et en Asie.
Le nombre d’ordres de paiement passant aujourd’hui par le réseau financier international de l’UPU est de plus de 6% supérieur au nombre recensé à la même période l’année dernière, et le montant total des transactions supérieur à 46%.
A l’issue du Congrès actuellement en cours à Genève (12 août prochain), les Pays-membres de l’UPU devraient adopter un nouveau traité international concernant les services de paiement de la poste qui définit les spécificités de ces services et tient compte de principes comme la neutralité technologique (qui permet d’interconnecter réseaux et systèmes), la confidentialité des données, la lutte contre le blanchiment d’argent, la sécurisation de traitement et de transmission des ordres de paiement, la protection des consommateurs et la fiabilisation des paiements entre les opérateurs.