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Les postes et l’exploitation du potentiel de commerce électronique en Afrique

Avec une population de plus de 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique est le deuxième continent le plus peuplé de la planète, après l’Asie. Toutefois, selon un rapport de la CNUCED de 2018, les acheteurs en ligne de la région (21 millions en 2017) ne représentaient que deux pour cent de la clientèle mondiale du commerce électronique, ce qui signifie qu’il y a un potentiel d’expansion considérable.

L’UPU travaille énergiquement à soutenir les postes dans leurs efforts pour saisir cette opportunité – ce qu’elles semblent idéalement placées pour faire. Les 21 700 bureaux de poste et 138 000 agents postaux en Afrique représentent un vaste réseau de distribution susceptible d’apporter un appui colossal à la croissance du commerce électronique sur le continent. «La poste dispose de l’avantage comparatif de son réseau mondial. Les postes ont une infrastructure physique étendue, qui couvre à la fois les zones rurales et les zones urbaines; elles ont donc la possibilité de toucher beaucoup plus de gens que d’autres agents de distribution» affirme Leolinda Dieme, experte régionale pour l’Afrique à la Direction de la coopération et du développement à l’UPU. Avec la diversification du portefeuille des produits de la poste, le réseau postal va bien au-delà du seul réseau physique des 677 000 bureaux de poste du monde, explique Fredrick Omamo, expert de l’intégration opérationnelle du commerce électronique à l’UPU. Les postes ont aussi des réseaux financiers et électroniques, qui sont des éléments clés pour faciliter les transactions du commerce électronique. «Puisque le potentiel de commerce électronique inexploité en Afrique est si énorme, les acteurs de la chaîne logistique postale en Afrique doivent intégrer dès maintenant le commerce électronique dans leurs opérations, au risque de rater le coche. Les transactions en ligne générant un nombre toujours plus grand d’échanges commerciaux, la fenêtre d’opportunité va se refermer très rapidement pour beaucoup de postes africaines si elles ne se tournent pas vers le commerce électronique» insiste-t-il. Selon Dieme et Omamo, les pays africains ont plusieurs obstacles importants à surmonter pour capter ce marché. Tout d’abord, ils doivent mettre en place un cadre réglementaire qui préserve l’obligation de service universel – ou la prestation d’un service de base financièrement abordable pour tous les citoyens – et garantisse une concurrence loyale. Ils doivent aussi donner la priorité au développement postal dans leur budget national et moderniser l’infrastructure postale. Ils doivent en outre collaborer entre eux pour fixer des seuils de minimis, des politiques transfrontalières de retour des marchandises et améliorer l’infrastructure logistique pour que les marchandises puissent être acheminées dans toute la région, que ce soit par terre (route, chemin de fer), air ou mer. L’UPU œuvre activement pour que les opérateurs postaux de la région soient en phase avec le marché en ligne mondial. Dieme et ses collègues à la Direction du développement et de la coopération travaillent avec les pays africains pour qu’ils répondent aux normes opérationnelles internationales du commerce électronique. Grâce au projet de préparation opérationnelle pour le commerce électronique (ORE, selon ses initiales en anglais), ils aident les pays à évaluer leurs processus postaux et les conseillent sur les normes internationales, la qualité de service et l’échange des données électroniques requises pour collecter et distribuer les envois de commerce électronique dans le monde entier. «Une fois l’évaluation sur site terminée et un rapport de conformité – complet avec des recommandations – établi, les pays qui ont besoin d’une aide financière pour se mettre en conformité ont la possibilité de recourir au Fonds pour l’amélioration de la qualité de service (FAQS) de l’UPU pour faire les investissements requis. Nous disposons également d’un fonds spécial pour les pays les moins avancés, que nous utilisons pour les achats de matériel informatique, de licences et de véhicules pour que les pays répondent aux exigences opérationnelles minimales pour le commerce électronique» explique-t-elle. Le FAQS finance des projets de développement visant à améliorer la qualité de service, la fiabilité et la viabilité du réseau postal. Selon Omamo, il y a, au niveau régional, une formidable opportunité de faire avancer la coopération Sud-Sud. C’est là quelque chose que lui et son équipe transversale d’experts de l’UPU essaient d’accomplir avec l’initiative Ecom@Africa de l’UPU. Le projet verra les grands pays de la région créer des écosystèmes de commerce électronique transfrontalier intégrés offerts par les opérateurs postaux grâce à des centres de traitement-exécution en dur, aussi appelés «hubs», interfacés avec des plates-formes de commerce électronique en ligne. Les experts de l’UPU ont recensé les hubs potentiels en analysant les données de masse des échanges postaux et en identifiant les pays disposant de conditions réglementaires et d’un climat d’investissement favorables pour soutenir le projet. À ce jour, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie se sont engagées à créer des centres de traitement-exécution qui desserviraient les pays environnants.  À terme, ces pays travailleront aussi à la création de places de marché virtuelles qui interfaceront les unes avec les autres. Omamo insiste sur le fait que Ecom@Africa n’est pas un projet postal, mais un projet d’infrastructure nationale requérant la participation et l’appui des gouvernements et des principaux acteurs de la chaîne logistique postale, comme les douanes et les compagnies aériennes. Il espère que le projet sensibilisera les gouvernements au besoin de développer et d’intégrer la logistique du commerce électronique et les réseaux de paiement sur tout le continent. «Les organisations régionales, comme l’Union africaine, commencent déjà à penser à l’intégration. Près de 50 pays ont déjà signé un accord visant à établir une zone de libre-échange continentale africaine. Cela galvaniserait la coopération Sud-Sud et dynamiserait les échanges intra-africains, qui se situent actuellement à moins de 20%, selon des rapports récents », ajoute-t-il.  «L’Afrique est à la traîne en matière de commerce électronique, mais sa population jeune donne au continent la possibilité de trouver des solutions et des initiatives innovantes capables de surmonter les déficiences structurelles. L’Afrique peut entrer directement dans le monde numérique et ouvrir ses propres voies de développement.» Pour en savoir plus sur le projet ORE, consultez le Plan de développement régional de l’UPU pour l’Afrique. Apprenez en davantage sur Ecom@Africa ici. En tant que membre de la famille des Nations Unies, lUPU œuvre à la réalisation des objectifs des Nations Unies pour le développement durable par le secteur postal. Les travaux de lUPU pour le développement du commerce électronique sinscrivent dans le cadre de lobjectif 8 «Travail décent et croissance économique».