La transformation numérique, les technologies novatrices et l’accessibilité des services financiers créent de nouvelles conditions auxquelles le secteur postal s’efforce de s’adapter.
Il y a deux ans, la poste australienne a créé une coentreprise avec une société afin de proposer aux entreprises locales une plate-forme unique pour l’accès aux produits du commerce électronique et à d’autres services. Au Royaume-Uni, les usagers de la poste peuvent accéder à la plupart des comptes courants dans le pays par l’intermédiaire des bureaux de poste, et dans d’autres parties du monde, des fonds peuvent aujourd’hui être transférés vers des communautés rurales isolées.
Ce ne sont là que deux exemples parmi d’autres de la manière dont les nouvelles technologies dans le secteur postal transforment la prestation des services financiers. Ces nouvelles technologies, ayant pour objet de faciliter la prestation des services financiers, ou les entreprises qui les proposent, sont connues collectivement sous le nom de «fintech» (pour technologie financière). D’abord considérée comme faisant partie des services d’appui, la fintech est passée sur le devant de la scène et constitue aujourd’hui un élément essentiel des services à la clientèle utilisant des logiciels informatiques et des applications mobiles.
Face à la multiplication des possibilités dans ce domaine, les opérateurs postaux ont décidé de prendre le train en marche. Ils sont conscients qu’un réseau postal physique hautement connecté constitue un lien naturel entre les réseaux financiers et électroniques qui peut être profitable tant pour les clients que pour les gouvernements.
Les opérateurs postaux peuvent-ils mettre à profit cette évolution? Sergey Dukelskiy, coordonnateur de l’UPU en charge des services financiers postaux, pense que oui. Selon lui, au lieu d’élaborer leurs propres solutions de fintech, les postes recherchent activement des partenaires et des solutions de marketing existantes moins onéreuses et plus rapides à intégrer.
Ses vues concordent avec celles de Daniel Nieto, expert de l’UPU en inclusion et politiques numériques, qui a récemment déclaré lors d’un entretien qu’«il n’est pas forcément nécessaire de partir de zéro, car il existe des entreprises qui peuvent vous aider à créer de nouveaux services efficaces. Les partenariats sont la meilleure solution si vous souhaitez éviter un investissement considérable en temps et en ressources.»
David Avsec, coordonnateur des relations avec la clientèle et de la gestion des produits du Centre de technologies postales de l’UPU, pense que la fintech est appelée à se développer davantage en 2019. «Je pense que nous verrons le secteur de la fintech modifier le paysage des services financiers et conduire à une baisse des coûts», dit-il.
Il estime que le recours aux services bancaires mobiles et au microcrédit ainsi que l’absence de coûts d’infrastructure élevés font de la fintech une solution idéale pour les pays les moins développés. «La fintech facilite le développement des réseaux. Elle peut ouvrir l’accès aux réseaux de paiement à des millions de personnes jusque-là privées de cette opportunité», assure-t-il.
La régulation joue aussi un rôle majeur. «Bien que d’énormes progrès aient été réalisés, des problèmes subsistent. Les porte-monnaie électroniques sur les téléphones portables, par exemple, ne sont toujours pas acceptés dans certains pays, et la législation doit être adaptée pour être en phase avec l’évolution technologique», ajoute David Avsec.
Selon lui, le débat autour de la fintech doit aussi tenir compte de l’influence de la technologie de blockchain (ou «chaîne de blocs»). Il souligne que dans le cadre des efforts visant à intégrer les transactions sécurisées et à créer un lien entre les opérations, d’une part, et la finance et la technologie, d’autre part, la technologie de blockchain pourrait être le chaînon manquant.
«Il existe une large gamme de solutions commerciales, mais elles ne sont pas toujours compatibles. En 2019, nous devrions voir la technologie de blockchain devenir l’élément de cohésion de la fintech», dit-il.
Sergey Dukelskiy est également d’avis que la technologie de blockchain influera sur la fintech. «La technologie de blockchain peut contribuer à faire baisser les coûts de transaction, et l’effet de ces économies peut être répercuté sur les clients.»
Cette année, au début d’avril, des experts se retrouveront au siège de l’UPU, à Berne, pour une conférence intitulée «Adapter les services financiers postaux à l’économie numérique». Cette conférence vise à promouvoir des solutions prometteuses et novatrices pour les opérateurs postaux, y compris la technologie de blockchain et les cybermonnaies reposant sur cette technologie.
(Cet article est le deuxième d’une série qui examine les tendances et les faits nouveaux concernant le réseau postal international en 2019.)