La crise économique de 2008, puis le confinement sans précédent de 2020, ajoutés à l’adoption généralisée d’Internet, ont accéléré le déclin constant de l’envoi de lettres, une tradition autrefois prédominante. Ce mouvement entraîne la disparition progressive de l’enveloppe, ce modeste support auquel l’UPU a consacré un programme de normalisation lancé il y a plus d’un demi-siècle et qu’il est intéressant d’examiner de plus près.
Avènement de la normalisation – Révolution pour le courrier
Du chaos à la cohérence – Initiative de l’UPU pour adopter un tournant technologique
Le Congrès d’Ottawa 1957, au cours duquel l’UPU a créé la Commission consultative des études postales (CCEP), est au cœur de cet effort. La CCEP devient alors la force motrice pour la normalisation des enveloppes, en collaboration étroite avec des partenaires internationaux tels que l’Organisation internationale de normalisation (ISO) en vue d’élaborer des lignes directrices cohésives et de créer un Comité de contact «ISO–UPU».
Au Congrès de Vienne 1964, des propositions concrètes ont été soumises pour établir des formats d’enveloppe acceptables. Les spécifications de largeur (de 90 à 120 mm) et de longueur (de 150 à 230 mm) ont posé les bases d’un système postal plus unifié et efficace. Les enveloppes de format carré, incompatibles avec un traitement mécanisé, ont été proscrites.
Mais les efforts de normalisation ne se sont pas arrêtés là. Le Congrès de Tokyo 1969 a franchi un palier déterminant avec l’adoption de principes normalisés pour une mise en œuvre d’ici à octobre 1973, sous la supervision d’un nouveau groupe de travail de la CCEP dédié à la mécanisation et à l’automatisation du tri des lettres.
Cette décision a constitué une étape majeure dans l’évolution de l’enveloppe et consolidé le rôle de l’UPU comme facilitatrice universelle de la communication et de la coopération sur un grand nombre de sujets, notamment la normalisation des codes alphabétiques et numériques des noms de pays. L’UPU a également été sollicitée pour collaborer avec d’autres organisations internationales, comme la Chambre de commerce internationale et la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), au sujet de l’incidence des normes du courrier sur les échanges mondiaux.
Défis et opportunités à l’ère du numérique
Le parcours transformateur de l’enveloppe, passée d’un modeste moyen pour protéger la correspondance écrite à un canal de communication normalisé à l’échelle mondiale, nous rappelle le pouvoir persistant de l’innovation pour modeler nos façons d’interagir avec les autres, aussi bien aujourd’hui qu’à l’avenir. L’usage prédominant et répandu sur le long terme de la technologie a fini par mener à l’attrition actuelle des lettres et, par conséquent, à un avenir incertain pour l’enveloppe.
Sébastien Richez, Docteur en histoire
Comité pour l’histoire de la poste (CHP), Groupe La Poste (France)
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