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J’apprends chaque jour quelque chose de nouveau – Entretien avec Sandra Bonfigli

«L’UPU est au centre d’un réseau mondial, et les employés de l’Union, y compris les gens merveilleux avec qui je travaille, œuvrent sans relâche à améliorer la situation des Pays-membres.»

1. Quel est votre rôle au sein de l’Union postale universelle?
Je travaille pour l’UPU depuis près de trente ans et j’occupe le poste d’assistante au sein de l’Unité de gestion des achats, biens et services de la Direction du développement et de la coopération (DCDEV). Notre Direction coordonne les projets de coopération pour le secteur postal.
 
Le rôle de l’unité est de déterminer quels équipements sont nécessaires dans le cadre des projets de coopération et de procéder à leur achat. Elle cherche également le meilleur moyen de fournir aux Pays-membres du monde entier les équipements dont ils ont besoin.
 
Pour cela, plusieurs facteurs sont pris en considération, notamment la proximité géographique des fournisseurs et la disponibilité des équipements sur le marché local ou régional. Dans la mesure du possible, nous essayons également d’anticiper les éventuelles difficultés liées au transport ou à la livraison.
Bien que les projets de coopération soient organisés selon un cycle quadriennal défini par chaque Congrès, nous sommes souvent amenés à intervenir dans des situations d’urgence. Un des rôles de la DCDEV consiste en effet à aider les services postaux à reprendre leurs cours le plus rapidement possible après certaines catastrophes naturelles.

J’ai beaucoup de chance de travailler dans ce domaine et d’être en mesure de fournir une aide concrète aux Pays-membres. Il s’agit d’un travail très gratifiant qui m’a permis de conserver ma motivation au fil des ans.
L’une des initiatives les plus importantes à laquelle j’ai participé concernait un projet de grande ampleur visant à fournir du matériel à Haïti après le grave tremblement de terre de janvier 2010. Lors de cette catastrophe humanitaire, l’infrastructure postale a été détruite. Grâce à une intervention rapide, nous avons réussi à reconstruire un centre de tri en quelques mois seulement, ce qui a permis aux habitants de recevoir des lettres et des colis de la part de leur famille à l’étranger. Nous avons littéralement travaillé nuit et jour pour y parvenir, et ce projet représente beaucoup pour moi. Dans ce domaine, je pense que l’on peut affirmer qu’on apprend quelque chose de nouveau chaque jour.

2. Comment le projet actuel de fourniture d’équipements de protection individuelle aux opérateurs postaux des pays les moins avancés a-t-il commencé?
Ce projet s’est imposé comme une évidence. Il est né lorsque nous avons pris conscience de l’ampleur de la pandémie de COVID-19 et de la vitesse à laquelle le virus se propageait dans le monde. Face à cette crise, nous avons immédiatement commencé à réfléchir à la manière dont nous pouvions aider les employés des postes qui continuaient à servir les usagers et se trouvaient en première ligne.

Nous avons exploré toutes les pistes possibles pour trouver des équipements de protection, mais ceux-ci n’étaient simplement pas disponibles à ce moment-là. Le monde entier était confronté à une pénurie de masques et de désinfectant.

Nous avons décidé que la meilleure manière de nous procurer ces équipements serait de travailler en partenariat avec les autres organisations des Nations Unies. Nous avons alors collaboré avec le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), qui s’employait déjà à acheter des équipements de protection individuelle pour d’autres organisations. L’UNOPS est apparu comme un partenaire naturel dans le cadre de cette initiative.

3. Quelles difficultés avez-vous rencontrées?
Bien que nous ayons réagi rapidement, il s’est avéré difficile d’acquérir le matériel. Nous étions au pic de la crise lorsque nous avons lancé le projet. Cependant, à ce moment-là, personne n’avait prédit qu’elle aurait de telles répercussions au niveau mondial.

Dans un premier temps, les gouvernements ont désespérément cherché à se procurer des masques, des gants et du désinfectant pour le personnel médical, et nous n’avons pas pu acheter les quantités prévues à l’origine. Puis, inévitablement, en raison des difficultés logistiques, il est devenu presque impossible de se procurer ce type d’équipements. Heureusement, nous avons aujourd’hui réussi à tout mettre en place pour acquérir un grand nombre de masques.

Le problème que nous avons ensuite rencontré était le suivant: la plupart des compagnies aériennes sont actuellement immobilisées. Nous nous appuyons donc sur notre partenariat avec l’UNOPS pour trouver le moyen de transport le plus rapide et le plus sûr afin d’acheminer les équipements vers les pays bénéficiaires. La livraison aura bientôt lieu, et je remercie l’UNOPS pour son soutien et son assistance.

4. Quel a été le rôle de l’UPU dans cet important projet?
Le rôle de l’UPU, et particulièrement de la DCDEV, a été d’organiser une réponse conjointe avec nos partenaires et de comprendre l’importance du facteur humain dans l’équation.

La République populaire de Chine, la France, le Japon et la Suisse, qui sont d’importants contributeurs, se sont engagés à verser des contributions supplémentaires pour compléter les fonds de l’UPU afin d’aider à lancer ce projet. Par ailleurs, la DCDEV est bien placée pour intervenir grâce à ses programmes régionaux, qui lui donnent une forte expertise de terrain, à son Unité de gestion des risques liés aux catastrophes et à son Unité de gestion des achats, biens et services. Ces compétences regroupées au sein d’une même Direction ont facilité la mise en œuvre du projet.

Nous avons tous travaillé ensemble dans un esprit de collaboration, et j’ai pu compter sur le précieux soutien de mes collègues, qui ont chacun participé à ce projet à leur manière. Je remercie particulièrement Silvia Baratech, qui s’est énormément investie dans ce projet et qui travaille avec moi au sein de l’Unité de gestion des achats, biens et services.

Nous avons également la chance de posséder une vaste expérience en matière de travail à distance avec nos partenaires postaux du monde entier. Cette crise nous prouve que le réseau de contacts que nous avons tissé au fil des ans et la confiance que nous avons su progressivement construire portent aujourd’hui leurs fruits.
L’UPU est au centre d’un réseau mondial, et les employés de l’Union, y compris les gens merveilleux avec qui je travaille, œuvrent sans relâche à améliorer la situation des Pays-membres.

5. Pourquoi les équipements de protection individuelle sont-ils tellement importants pour les pays les moins avancés au moment de la pandémie de COVID-19?
Comme nous le savons tous, les employés postaux sont la colonne vertébrale de la poste et sont essentiels à son bon fonctionnement. Ils travaillent tous en étroite collaboration à chaque étape de la chaîne logistique, qu’il s’agisse du ramassage, du tri, du transport ou de la distribution. De plus, le personnel postal est en contact permanent avec les clients et les partenaires. La pandémie expose les employés des postes à un niveau de risque élevé dans presque chaque aspect de leur vie professionnelle quotidienne. Les équipements de protection individuelle sont donc cruciaux pour leur sécurité.

La DCDEV étudie actuellement les options pour lancer un autre projet de cette ampleur afin d’apporter un appui supplémentaire au personnel des postes et fournir une aide additionnelle aux pays les moins avancés et à d’autres pays se trouvant dans une situation particulièrement difficile.